13.06.2025

UNOC3 : La Belgique organise un événement sur le Clearing House Mechanism dans le cadre de l'accord BBNJ

Lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC3), la Belgique a organisé un événement consacré à la mise en place d’un mécanisme de facilitation (Clearing House Mechanism, CHM) efficace pour le nouveau traité international sur la biodiversité marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale (Biodiversity Beyond National Jurisdiction, BBNJ). Cet événement a réuni des intervenants venus de Belgique, de Colombie, des Samoa, de la Norvège et de l’UNESCO, dans le but de tracer une voie commune pour ce cadre essentiel.
 
Discours d’ouverture et éléments clés

Dans son allocution d’ouverture, Pierre Kerkhofs, directeur général Environnement au SPF Santé publique, a décrit le mécanisme de facilitation comme le « système nerveux numérique » de l’accord BBNJ — une infrastructure essentielle pour connecter les systèmes de connaissance, les capacités et les parties prenantes à l’échelle mondiale. Il a souligné que l’échange d’informations devait aller de pair avec la confiance, le soutien institutionnel et l’équité. Il a évoqué des initiatives belges telles que le World Register of Marine Species et l’Ocean Teacher Global Academy, pour illustrer l’importance d’une approche inclusive et pragmatique permettant à tous les pays, notamment ceux disposant de ressources limitées, d’accéder au CHM et d’y contribuer.


Ensuite, Vidar Helgesen, secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, a prononcé un discours liminaire. Il a comparé le CHM à un « réseau de canalisations » par lequel l’information doit circuler — un système qui doit être fiable, bien conçu et équitable. Il a également cité des outils existants comme OBIS (Ocean Biodiversity Information System), ODIS (Ocean Data Information System) et OTGA (Ocean Teacher Global Academy) comme des exemples inspirants pour le développement du CHM.

Table ronde : à quoi doit ressembler le CHM ?

La discussion en panel a réuni des experts venus des quatre coins du monde :

  • Jan Mees (VLIZ, Belgique) a insisté sur l’importance de s’appuyer sur les systèmes de données marines existants, tels que le World Register of Marine Species, plutôt que de repartir de zéro.
  • Ibukun Adewumi (UNESCO/COI Afrique) a souligné les inégalités d’accès aux données et la nécessité de renforcer les capacités.
  • Gemma Nelson (Samoa, Alliance of Small Island States) a plaidé pour une forte représentation des petits États insulaires et l’intégration des savoirs traditionnels.
  • Francisco Arias-Isaza (directeur général de l’INVEMAR, Colombie) a mis en avant l’importance d’intégrer les connaissances autochtones et communautaires dans les systèmes de données marines.
  • Rachel Tillers (SINTEF Ocean, Norvège) a proposé des solutions pratiques, notamment la science citoyenne et la collecte de données en temps réel par les navires de pêche.


Des idées à l’action

Vladimir Jares, de la Division des Affaires maritimes et du droit de la mer des Nations Unies, a clôturé l’événement en soulignant la nécessité de méthodologies standardisées et d’un engagement constructif entre les États et les parties prenantes tout au long du processus de développement.

Plusieurs thèmes clés ont émergé des discussions :

  • Capitaliser sur l’existant : construire sur les bases des bases de données et des réseaux déjà établis.
  • Garantir un accès équitable : tous les pays, y compris les pays en développement et les États insulaires, doivent avoir accès au CHM et y être entendus.
  • Valoriser tous les types de connaissances : combiner les données scientifiques avec les savoirs traditionnels et locaux.
  • Assurer l’utilisabilité pratique : la plateforme doit réellement être utile pour les décideurs politiques, les scientifiques et les usagers de l’océan.

Perspectives

Alors que l’accord BBNJ entre dans sa phase de mise en œuvre, il apparaît clairement que le CHM en sera une pierre angulaire. Il doit être non seulement un système technique, mais également un instrument de justice océanique — permettant à tous les pays de bénéficier de la protection de la biodiversité marine, dans le respect de la diversité des connaissances et des formes de gouvernance.